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fois sauter en l'air son lingot, en s'écriant : — Voilà un fameux jour !... Au fait, Samdadchiemba avait raison ; cette journée, si tristement commencée, avait été bonne au delà de ce que nous pouvions espérer. Nous avions maintenant à Lha-Ssa, une position honorable, et il allait enfin nous être permis de travailler librement à la propagation de l'Évangile.

La journée du lendemain fut encore plus heureuse que la précédente, et vint en quelque sorte mettre le comble à notre prospérité. Dans la matinée, nous nous rendîmes, accompagnés du gouverneur kachemirien, cher le Régent, auquel nous désirions exprimer notre gratitude pour les témoignages d'intérêt qu'il nous avait donnés. Nous fumes accueillis avec bienveillance et cordialité. Le Régent nous dit, comme en confidence, que les Chinois étaient jaloux de nous voir à Lha-Ssa, mais que nous pouvions compter sur sa protection, et séjourner librement dans le pays, sans que personne eût le droit de s'immiscer dans nos affaires. — Vous êtes très-mal logés, ajouta-t-il, votre chambre m'a paru sale, étroite et incommode ; je prétends que des étrangers comme vous, des hommes venus de si loin, se trouvent bien à Lha-Ssa. Est-ce que dans votre pays de France, on ne traite pas bien les étrangers ? — On les traite à merveille. Oh! si un jour tu pouvais y aller, tu verrais comme notre Empereur te recevrait ! — Les étrangers, ce sont des hôtes ; il vous faut donc abandonner la demeure que vous vous êtes choisie. J'ai donné ordre de vous préparer une demeure convenable dans une de mes maisons ... Nous acceptâmes avec empressement et reconnaissance une offre si bienveillante, être logés commodé