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nous regarda avec des yeux où brillait le contentement, et il nous fit gracieusement un signe de tête, comme pour nous dire : C'est bien, vous êtes de braves gens.

Il était impossible de passer outre, sans faire un peu de géographie. Nous nous prêtâmes charitablement aux désirs que nous manifestèrent le Régent et l'ambassadeur chinois. Nous leur indiquâmes du doigt, sur la terre-plate de Mercator, la Chine, la Tartarie, le Thibet et toutes les autres contrées du globe. Le Régent fut anéanti en voyant combien nous étions éloignés de notre patrie, et quelle longue route nous avions été obligés de faire, sur mer et sur terre, pour venir lui faire une visite dans la capitale du Thibet. Il nous regardait avec stupéfaction ; puis il levait le pouce de la main droite, en nous disant : — Vous êtes des hommes comme cela .... Ce qui voulait dire, dans la langue figurée des Thibétains : Vous êtes des hommes au superlatif. Après avoir reconnu les points principaux du Thibet, le Régent nous demanda où était Calcutta. — Voilà, lui dîmes-nous, en lui indiquant un tout petit rond sur les bords de la mer. — Et Lha-Ssa ? où est donc Lha-Ssa ? — Le voici... Les yeux et le doigt du Régent se promenèrent un instant de Lha-Ssa à Calcutta, et de Calcutta à Lha-Ssa. — Les Pélins de Calcutta sont bien près de nos frontières, dit-il en faisant la grimace et en branlant la tète... Peu importe, ajouta-t-il ensuite, voici les monts Himalaya !

Le cours de géographie étant terminé, les cartes furent repliées et mises dans leurs étuis respectifs, et on passa aux objets de religion. Ki-Chan en savait assez long là-dessus. Lorsqu'il était vice-roi de la province du Pé-Tche-Ly, il avait suffisamment