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nous est même arrivé de voir cette fameuse muraille réduite à sa plus simple expression, et uniquement composée de quelques cailloux amoncelés. Pour ce qui est des fondements dont parle M. Barrow, et qui consisteraient en grandes pierres de taille cimentées avec du mortier, nous devons avouer que nulle part nous n'en avons trouvé de vestige. Au reste, on doit concevoir que Tsin-Chi-Hoang-Ti, dans cette grande entreprise, a dû naturellement s'appliquer à fortifier d'une manière spéciale les environs de la capitale de l'empire, point sur lequel devaient tout d'abord se porter les hordes tartares. On pourrait encore supposer, que les Mandarins chargés de faire exécuter le plan de Tsin-Chi-Hoang-Ti ont dû diriger consciencieusement les travaux qui se faisaient en quelque socle sous les yeux de l'Empereur, et se contenter d'élever un simulacre de muraille sur les points les plus éloignés, et qui du reste, avaient peu à craindre des Tartares, comme par exemple les frontières de l'Ortous et des monts Àlechan.

La barrière de San-Yen-Tsin, qu'on rencontre à quelques pas après le passage de la muraille, est célèbre pour sa grande sévérité à l'égard des Tartares qui veulent entrer dans l'empire. Le village ne possède qu'une seule auberge tenue par le chef des satellites qui gardent la frontière ; en entrant nous remarquâmes dans la cour plusieurs groupes de chameaux : une grande caravane tartare était arrivée peu de temps avant nous ; il y avait pourtant encore de quoi se loger, car l'établissement était vaste. À peine eûmes-nous pris possession de notre chambre, que la question des passeports commença. Le chef des satellites vint lui-même les réclamer officiellement. — Nous n'en avons