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lieu, parce que ce jour-là, nous avions l'esprit beaucoup plus tourné à la politique qu'à la gastronomie. Nous nous aperçûmes cependant que Samdadchiemba n'était pas là, et nous demandâmes ce qu'on en avait fait. — Il est avec mes domestiques, nous répondit le Régent ; soyez sans inquiétude sur son compte, rien ne lui manquera.

Pendant et après le repas, il fut beaucoup question de la France et des pays que nous avions parcourus. Le Régent nous fit ensuite admirer les tableaux de peinture qui décoraient son appartement, et nous demanda si nous serions capables d'en faire autant. — Nous ne savons pas peindre, lui répondîmes-nous ; l'étude et la prédication de la doctrine de Jéhovah est la seule chose qui nous occupe. — Oh ! ne dites pas que vous ne savez pas peindre ; je sais que les hommes de votre pays sont très-habiles dans cet art. — Oui, ceux qui en font un état, mais les ministres de la religion ne sont pas dans l'usage de s'en occuper. — Quoique vous ne soyez pas spécialement adonnés à cet art, cependant vous ne l'ignorez pas tout-à-fait ;... vous savez bien, sans doute, tracer des cartes de géographie ? — Non, nous ne le savons pas. — Comment,dans vos voyages vous n'avez jamais dessiné, vous n'avez fait aucune carte ? — Jamais. — Oh! c'est impossible !... La persistance du Régent à nous questionner sur un semblable sujet nous donna à penser. Nous lui exprimâmes l'étonnement que nous causaient toutes ces demandes. — Je vois, dit-il, que vous êtes des hommes pleins de droiture, je vais donc vous parler franchement. Vous savez que les Chinois sont soupçonneux ; puisque vous êtes restés longtemps en Chine, vous devez les connaître aussi bien que moi ; ils sont persuadés que