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rable Lama, qui nous donna avis que le premier Kalon nous attendait. Nous traversâmes la cour, illuminée par quelques lanternes rouges ; nous allâmes prendre à droite un escalier périlleux, dont nous montâmes les degrés en nous tenant prudemment accrochés à la robe de notre conducteur ; puis, après avoir longé une longue terrasse, en marchant à la lueur douteuse des étoiles du firmament, nous fûmes introduits chez le Régent. L'appartement, vaste et élevé était splendidement éclairé au beurre ; les murs, le plafond, le plancher même, tout était chargé de dorures et de couleurs éblouissantes. Le Régent était seul ; il nous fit asseoir tout près de lui sur un riche tapis, et essaya de nous exprimer par ses paroles, et plus encore par ses gestes, combien il s'intéressait à nous. Nous comprimes surtout très-clairement qu'on s'occupait de ne pas nous laisser mourir de faim. Notre pantomime fut interrompue par l'arrivée d'un personnage qui laissa en entrant ses souliers à la porte ; c'était le gouverneur des Musulmans kachemiriens. Après avoir salué la compagnie, en portant la main au front, et en prononçant la formule « Salamalek, » il alla s'appuyer contre une colonne, qui s'élevait au milieu de la salle, et paraissait en soutenir la charpente. Le gouverneur musulman parlait très-bien la langue chinoise ; le Régent l'avait fait appeler pour servir d'interprète. Aussitôt après son arrivée, un domestique plaça devant nous une petite table, et on nous servit à souper aux frais du gouvernement thibétain. Nous ne dirons rien pour le moment de la cuisine du Régent ; d'abord, parce que le grand appétit dont nous étions dévorés ne nous permit pas de faire une attention suffisante à la qualité des mets ; en second