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moi peut savoir qui est étranger, ou qui ne l'est pas ? Ces hommes ne m'ont jamais fait que du bien, ils m'ont toujours exhorté à la pratique de la vertu ; pourquoi ne les aurais-je pas suivis ? — Combien te donnent-ils pour ton salaire ? — Si je les accompagne, c'est pour sauver mon âme, et non pas pour gagner de l'argent. Mes maîtres ne m'ont jamais laissé manquer ni de riz ni de vêtements ; cela me suffit. — Es-tu marié ? — Ayant été Lama avant d'entrer dans la religion du Seigneur du ciel, je n'ai jamais été marié ... Le juge adressa ensuite, en riant, une question inconvenante à Samdadchiemba, qui baissa la tête et garda le silence. L'un de nous se leva alors, et dit à Ki-Chan : Notre religion défend non-seulement de commettre des actions impures, mais encore d'y penser et d'en parler ; il ne nous est pas même permis de prêter l'oreille aux propos déshonnêtes. — Ces paroles prononcées avec calme et gravité, firent monter, à la figure de Son Excellence l'ambassadeur de Chine, une légère teinte de rougeur. —Je le sais, dit-il, je le sais, la religion du Seigneur du ciel est sainte ; je la connais, j'ai lu ses livres de doctrine ; celui qui suivrait fidèlement tous ses enseignements, serait un homme irréprochable ... Il fit signe à Samdadchiemba de se lever ; puis se tournant vers nous : Il est déjà nuit, dit-il ; vous devez être fatigués, il est temps de prendre le repas du soir ; allez, demain, si j'ai besoin de vous, je vous ferai appeler.

L'ambassadeur Ki-Chan avait parfaitement raison ; il était fort tard, et les diverses émotions qui nous avaient été ménagées pendant la soirée, n'avaient été capables, en aucune façon, de nous tenir lieu de souper. En sortant du prétoire sinico-thibétain, nous fûmes accostés par un véné