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En 1841, nouveau combat contre les brigands, et aussi nouvelle catastrophe. Cette fois là, le Tchanak-Campo ne fut pas enlevé par les Kolo, mais il en reçut dans le ventre un affreux coup de sabre, dont il mourut quelques jours après. L'Empereur, en apprenant ce nouveau sinistre, fut, dit-on, inconsolable ; il envoya des dépêches au Talé-Lama, dans lesquelles il lui disait que, vu les difficultés et les dangers de la route, dorénavant il n'y aurait d'ambassade que tous les trois ans. D'après ces nouvelles dispositions, depuis 1841, il n'y avait pas eu d'autre ambassade que celle que nous venions de rencontrer, et qui était partie de Lha-Ssa en 1844. En allant, elle avait eu le bonheur de ne pas faire la rencontre des brigands, et par conséquent, son Tchanak-Kampo n'avait été ni volé ni tué.

Le lendemain de notre départ du Koukou-Noor, nous nous plaçâmes en tête de la caravane, puis nous nous arrêtâmes en route pour voir défiler devant nous cette immense troupe, et faire connaissance avec nos compagnons de voyage. Les hommes et les animaux qui composaient la caravane, peuvent être évalués au nombre suivant : Quinze mille bœufs à long poil, douze cents chevaux, autant de chameaux, et deux mille hommes, soit Thibétains, soit Tartares ; les uns allant à pied, d'autres étant montés sur des bœufs à long poil, le plus grand nombre étant à cheval ou à chameau. Tous les cavaliers étaient armés de lances, de sabres, de flèches et de fusils à mèche. Les piétons, nommés lakto, étaient chargés de conduire les files de chameaux, ou de diriger la marche capricieuse et désordonnée des troupeaux de bœufs. Le Tchanak-Kampo voyageait dans une grande litière portée par deux mulets. En dehors