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frites à l'huile, des gâteaux, et une foule de fruits confits au sucre ou au sel. Cette journée de marche fut pour nous un véritable délassement. Nos chameaux, qui n'avaient jamais voyagé que dans les déserts de la Tartarie, semblaient être sensibles à tous ces charmes de la civilisation ; ils tournaient majestueusement la tête de côté et d'autre, observaient avec intérêt tout ce qui se présentait sur la route, les hommes aussi bien que les choses. Cependant ils n'étaient pas tellement absorbés par leurs observations sur l'industrie et les mœurs de la Chine, qu'ils ne remarquassent aussi les merveilleuses productions du sol. Les saules attiraient parfois leur attention, et lorsqu'ils étaient à leur portée, ils ne manquaient jamais d'en émonder les branches les plus tendres. Quelquefois aussi, allongeant leur long cou, ils allaient flairer les friandises étalées sur le devant des guinguettes : ce qui ne manquait jamais de provoquer de vives protestations de la part des marchands. Les Chinois n'étaient pas moins admirateurs de nos chameaux, que ceux-ci ne l’étaient de la Chine. On accourait de toute part pour voir passer la caravane, on se rangeait en file sur les bords du chemin ; mais on n'osait jamais approcher de trop près, car c'est dans tous les pays, que les hommes redoutent instinctivement les êtres qui portent le caractère de la force et de la puissance.

Vers la fin de cette journée de marche, qui ne fut pas pour nous sans agrément, nous arrivâme à Hia-Ho-Po, grand village sans remparts. Nous allâmes mettre pied à terre à l' Hôtel des cinq Félicités, — Ou-fou-tien. — Nous étions occupés à distribuer le fourrage à nos animaux,