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ciation qui ne laisse rien à désirer. Ils ont établi quatre grandes divisions, auxquelles les générations futures n'auront, sans doute, à apporter aucune modification.

En première ligne, on place les argols de chèvre et de mouton ; une substance visqueuse, qui s'y trouve mêlée en grande proportion, donne à ce combustible une élévation de température vraiment étonnante. Les Thibétains et les Tartares s'en servent pour travailler les métaux ; un lingot de fer plongé dans un foyer de ces argols, est dans peu de temps chauffé au rouge blanc. Le résidu que les argols de chèvre et de mouton laissent après la combustion, est une espèce de matière vitreuse, transparente, de couleur verdâtre, et cassante comme le verre ; elle forme une masse pleine de cavités et d'une légèreté extrême : on dirait de la pierre ponce. On ne trouve pas dans ce résidu la moindre quantité de cendres, à moins que le combustible n'ait été mélangé de matières étrangères. Les argols de chameau constituent la seconde classe ; ils brûlent facilement, en jetant une belle flamme ; mais la chaleur qu'ils donnent est moins vive et moins intense que celle des précédents. La raison de cette différence est qu'ils contiennent en combinaison une moins grande quantité de substance visqueuse, La troisième classe renferme les argols appartenant à l'espèce bovine ; quand ils sont très-secs, ils brûlent avec beaucoup de facilité, et ne répandent pas du tout de fumée. Ce genre de chauffage est presque l'unique qu'on rencontre dans la Tartarie et dans le Thibet. Enfin, on place au dernier rang les argols des chevaux, et des autres animaux de la race chevaline. Ces argols n'ayant pas subi, comme les autres, le travail de la rumination,