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rampantes, longues et grêles comme le chiendent. Cette racine est entièrement chargée d'une foule de petits renflements tuberculeux, remplis d'une fécule très-abondante et extraordinairement sucrée. Pour en faire une nourriture exquise, on n'a qu'à la laver avec soin, et ensuite la mettre frire dans du beurre. Un second mets, non moins distingué que le précédent, nous a été fourni par une plante très commune en France, et dont jusqu'ici peut-être on n'a pas suffisamment apprécié le mérite ; nous voulons parler des jeunes tiges des fougères : lorsqu'on les cueille toutes tendres, avant qu'elles ne se chargent de duvet, et pendant que les premières feuilles sont pliées et roulées sur elles-mêmes, il suffit de les faire bouillir dans l'eau pure, pour se régaler d'un plat de délicieuses asperges. Si nos paroles pouvaient être de quelque influence, nous recommanderions vivement à la sollicitude de M. le ministre de l'agriculture, ce végétal précieux, qui foisonne en vain sur nos montagnes et dans nos forêts. Nous lui recommanderions encore l'ortie, — urtica urens, — qui, à notre avis, serait susceptible de remplacer avantageusement les épinards. Plus d'une fois nous avons eu occasion d'en faire l'heureuse expérience. Les orties doivent se recueillir lorsqu'elles sont sorties de terre depuis peu de temps, et que les feuilles sont encore tendres. On arrache le plant tout entier, avec une partie de ses racines. Pour se préserver de la liqueur acre et mordicante qui s'échappe de ses piquants, il est bon d'envelopper sa main d'un linge, dont le tissu soit très-serré. Une fois que l'ortie a été échaudée avec de l'eau bouillante, elle est inoffensive. Ce végétal, si sauvage à l'extérieur, est doué d'une saveur très-délicate.