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exclusivement hommes de lettres, alors que tout, autour de nous, semblait nous convier à faire quelques concessions aux habitudes des peuples pasteurs. Les Si-Fan ou Thibétains orientaux, sont nomades comme les Tartares-Mongols, et passent leur vie uniquement occupés de la garde de leurs troupeaux ; ils ne logent pas, toutefois, comme les tribus mongoles, dans des ïourtes recouvertes de feutre. Les grandes tentes qu'ils se construisent avec de la toile noire, sont ordinairement de forme hexagone ; à l'intérieur, on ne voit ni colonne ni charpente pour leur servir d'appui ; les six angles du bas sont retenus au sol avec des clous, et le haut est soutenu par des cordages, qui, à une certaine distance de la tente, reposent d'abord horizontalement sur de longues perches, et vont ensuite, en s'inclinant, s'attacher à des anneaux fixés en terre. Avec ce bizarre arrangement de perches et de cordages, la tente noire des nomades Thibétains ne ressemble pas mal à une araignée monstrueuse qui se tiendrait immobile sur ses hautes et maigres jambes, mais de manière à ce que son gros abdomen fût au niveau du sol. Les tentes noires sont loin de valoir les ïourtes des Mongols ; elles ne sont ni plus chaudes ni plus solides que de simples tentes de voyage. Le froid y est extrême, et la violence du vent les jette facilement à bas.

On peut dire, cependant, que sous un certain rapport, les Si-Fan paraissent plus avancés que les Mongols ; ils semblent avoir quelque velléité de se rapprocher des mœurs des peuples sédentaires. Quand ils ont choisi un campement, ils ont l'habitude d'élever tout autour une muraille haute de quatre ou cinq pieds. Dans l'intérieur