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de la hiérarchie, il y en a toujours plusieurs qui ne reçoivent que fort peu de chose.

On distingue des offrandes de deux espèces, en thé et en argent. La première se fait de la manière suivante : le pèlerin qui veut régaler la tribu sacerdotale, va trouver les supérieurs de la lamaserie, et leur annonce, en leur offrant un khata, qu'il aura la dévotion de servir aux Lamas un thé général ou particulier. Le thé général est pour tout le monde indistinctement ; le thé particulier, au contraire, n'est offert qu'à une des quatre Facultés, au choix du pèlerin. Le jour fixé pour l'offrande du thé général, après la récitation en commun des prières du matin, le Lama président donne un signal pour avertir l'assemblée de garder son poste. Aussitôt une quarantaine de jeunes chabis, désignés par le sort, se rendent à la grande cuisine, et reparaissent un instant après, chargés de jarres de thé au lait ; ils passent dans tous les rangs, et à mesure qu'ils avancent, les Lamas tirent de leur sein leur écuelle de bois, et on la leur remplit jusqu'au bord. Chacun boit en silence, ayant soin de ramener doucement un coin de son écharpe devant l'écuelle, afin de corriger, par cette précaution de modestie, l'inconvenance que pourrait présenter cet acte matériel, et peu en harmonie avec la sainteté du lieu. Ordinairement, le thé est préparé en assez grande quantité pour qu'on puisse faire deux fois le tour, et remplir deux fois l'écuelle de chaque religieux. Le thé est plus ou moins fort et coloré, suivant la générosité du pèlerin. Il en est qui joignent au thé une tranche de beurre frais pour chacun ; ceux qui veulent faire les magnifiques, ajoutent à tout cela les gâteaux faits avec de la farine de froment. Quand le festin