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lui offrant un magnifique khata, un plat de raisins secs, et quelques onces d'argent en lingot, suivant l'importance du grade qu'il prétend obtenir ; on fait aussi quelques cadeaux aux Lamas examinateurs. Quoiqu'il soit reconnu que les juges sont incorruptibles, cependant, à Kounboum comme ailleurs, on est persuadé que quelques offrandes à .l'Académie ne sont pas inutiles pour se tirer honorablement d'un examen. Les hommes sont partout les mêmes !

Devant le principal temple de la lamaserie est une grande cour carrée, pavée avec de larges dalles, et entourées de colonnes torses, chargées de sculptures coloriées. C'est dans cette enceinte que les Lamas de la Faculté des prières se réunissent à l'heure des cours, qui leur est annoncée au son de la conque marine ; ils vont s'accroupir selon leur rang sur les dalles nues, endurant pendant l'hiver le froid, le vent et la neige, exposés pendant l'été à la pluie et aux ardeurs du soleil. Les professeurs sont seuls à l'abri ; ils siègent sur une estrade surmontée d'un pavillon. C'est un singulier spectacle, que de voir tous ces Lamas enveloppés de leur écharpe rouge, coiffés d'une grande mitre jaune, et tellement pressés les uns contre les autres, qu'il est impossible d'apercevoir les dalles sur lesquelles ils sont assis. Après que quelques étudiants ont récité la leçon assignée par la règle, les professeurs donnent, à tour de rôle, des explications aussi vagues et aussi incompréhensibles que le texte ; mais personne ne fait le difficile, tout le monde se contente d'un à peu près. On est, du reste, convaincu que la sublimité d'une doctrine est en raison directe de son obscurité et de son impénétrabilité.

Le cours se termine ordinairement par une thèse soutenue