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chose en fait de mécanisme, nous trouvions assez plats ces petits bons-hommes, qui arrivaient sans remuer les jambes, et s'en retournaient de la même façon. Une seule représentation comme cela nous suait, et nous allâmes admirer les bas-reliefs.

Pendant que nous étions à examiner des groupes de diables, aussi grotesques, pour le moins, que ceux de Callot, nous entendîmes retentir, tout à coup, le bruit immense d'un grand nombre de trompettes et de conques marines. On nous dit que le Grand-Lama sortait de son sanctuaire pour aller visiter les fleurs. Nous ne demandions pas mieux ; le Grand-Lama de Kounboum était pour nous chose curieuse à voir. Il arriva bientôt à l'endroit où nous étions arrêtés. Des Lamas-satellites le précédaient, en écartant la foule avec de gros fouets noirs ; il allait à pied, et était entouré des principaux dignitaires de la lamaserie. Ce Bouddha-vivant nous parut âgé, tout au plus, d'une quarantaine d'années ; il était de taille ordinaire, d'une physionomie commune et plate, et d'un teint fortement basané. Il jetait, en allant, un coup d'œil maussade sur les bas-reliefs qui se trouvaient sur son passage. En regardant les belles figures de Bouddha, il devait sans doute se dire qu'à force de transmigrations, il avait singulièrement dégénéré de son type primitif. Si la personne du Grand-Lama nous frappa peu, il n'en fut pas ainsi de son costume, qui était rigoureusement celui des évêques ; il portait sur sa tête une mitre jaune ; un long bâton en forme de crosse était dans sa main droite ; et ses épaules étaient recouvertes d'un manteau en taffetas violet, retenu sur la poitrine par une agrafe, et semblable on tout à une chape. Dans la suite nous