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alla rendre visite à ces Mongols. Bientôt après, nous vîmes venir vers nous un vieillard à grande barbe blanche, et dont les traits de la figure annonçaient un personnage distingué. Il était accompagné d'un jeune Lama et d'un enfant qu'il tenait par la main. — Seigneurs Lamas, nous dit le vieillard, tous les hommes sont frères ; mais ceux qui habitent sous la tente sont unis entre eux comme la chair et les os. Seigneurs Lamas, venez vous asseoir dans ma pauvre demeure. Le quinze de la lune est une époque solennelle ; vous êtes voyageurs et étrangers, vous ne pourrez pas ce soir occuper votre place au foyer de votre noble famille. Venez vous reposer quelques jours parmi nous ; votre présence nous amènera la paix et le bonheur... Nous dîmes à ce bon vieillard que nous ne pouvions accepter entièrement son offre, mais que dans la soirée, après avoir récité nos prières, nous irions prendre le tbé chez lui, et causer un instant de la nation mongole. Ce vénérable Tartare s'en retourna ; mais bientôt après le jeune Lama qui l'avait accompagné reparut, en nous disant que nous étions attendus. Nous pensâmes que nous ne pouvions pas nous dispenser de répondre à une invitation si pleine de cordialité et de franchise. Après avoir donc recommandé au Dchiahour de veiller avec soin sur notre demeure, nous suivîmes le jeune Lama qui était venu nous chercher.

En entrant dans la tente mongole, nous fûmes étonnés d'y trouver une propreté à laquelle on est peu accoutumé en Tartarie. Au centre il n'y avait pas de foyer ; l'oeil n'apercevait nulle part ces grossiers instruments de cuisine, qui encombrent ordinairement les habitations tartares. Il était aisé de voir que tout avait été arrangé et disposé pour