Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE III.


Fête des Pains-de-la-Lune. — Festin dans une tente mongole. — Toolholos ou rapsodes de la Tartarie. — Invocation à Timour. — Éducation tartare. — Industrie des femmes. — Mongols à la recherche de nos chevaux égarés. — Vieille ville abandonnée. — Route de Péking à Kiaktha. — Commerce entre la Chine et la Russie. — Couvent russe à Péking. — Un Tartare nous prie de guérir sa mère dangereusement malade. — Médecins tartares. — Diable des fièvres intermittentes. — Divers genres de sépulture usités chez les Mongols. — Lamaserie des Cinq-Tours. — Funérailles des rois tartares. — Origine du royaume de Éfe. — Exercices gymnastiques des Tartares. — Rencontre de trois loups. — Système de roulage chez les Mongols.
________


Nous arrivâmes à Chaborté le quinzième jour de la huitième lune, époque de grandes réjouissances pour les Chinois. Cette fête, connue sous le nom de Yué-Ping (Pains-de-la-Lune), remonte à la plus haute antiquité. Elle a été établie pour honorer la lune d’un culte superstitieux. En ce jour de solennité, les travaux sont suspendus ; les ouvriers reçoivent de leurs maîtres une gratification pécuniaire ; chacun se revêt de ses beaux habits, et bientôt la joie éclate dans toutes les familles, au milieu des jeux et des festins. Les parents et les amis s’envoient mutuellement des gâteaux de diverses grosseurs, où est gravée l’image de la lune, c’est-à-dire un petit bosquet au milieu duquel est un lièvre accroupi.

Depuis le quatorzième siècle, cette fête a pris un caractère politique peu connu des Mongols, mais que la tradition