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compagnon ma petite fiole à tabac, en lui disant : « Frère aîné, l'autre jour nous eûmes ensemble un peu d'affaire ; cela n'est pas bien. Il faut avouer d'abord que tu avais eu tort ; pour moi, j'en conviens, j'eus la main un peu trop pesante. Au reste, cette affaire est déjà vieille, il ne faut plus y penser... Après ces quelques mots, nous nous mîmes à boire le thé, en disant de part et d'autre des paroles oiseuses. »

Les anecdotes de notre Dchiahour nous avaient conduits bien avant dans la nuit. Déjà les chameaux s'étaient relevés pour aller brouter leur déjeuner sur les bords du lac. Il nous restait peu de temps à donner au repos. « Je ne me couche pas, dit Samdadchiemba ; je veillerai sur les chameaux. Le jour d'ailleurs paraîtra bientôt. En attendant, je vais faire bon feu et préparer le pan-tan.

Samdadchiemba ne tarda pas à crier que le ciel blanchissait, et que le pan-tan était préparé. Nous nous levâmes promptement : et après avoir mangé une écuellée de pan-tan, ou, en d'autres termes, de farine d'avoine délayée dans de l'eau bouillante, nous plantâmes notre petite croix. sur un tertre, et nous continuâmes notre pèlerinage.

Il était déjà plus de midi, lorsque nous fîmes la rencontre de trois puits qui avaient été creusés à peu de distance l'un de l'autre. Quoiqu'il fût encore de bonne heure, nous songeâmes néanmoins à camper. Une vaste plaine, où l'on n'apercevait aucune habitation, s'étendait devant nous jusqu'à l'horizon ; et on pouvait conjecturer qu'elle était dépourvue d'eau, puisque les Tartares y avaient creusé des puits. Nous dressâmes donc notre tente. Mais nous vîmes bientôt que nous avions choisi un campement