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assez distincte pour savoir si c'était du chinois ou du tartare. Nous prîmes en toute hâte le chemin de notre tente, avançant sur la pointe des pieds et sans faire le moindre bruit. Nous pensâmes que c'était une bande de voleurs, qui, ayant aperçu notre tente, délibéraient sur les moyens de nous piller.

Nous ne sommes pas ici en sûreté, dîmes-nous à Samdadchiemba. Nous avons découvert ici tout près une troupe d'hommes ; nous avons entendu leur voix. Cours vite à la recherche des animaux, et ramène-les auprès de la tente. — Mais, dit Samdadchiemba en fronçant les sourcils, si les voleurs viennent, que ferons-nous ? faudra-t-il se battre ? pourrons-nous les tuer ? la sainte Eglise permet-elle cela ? — Va d'abord chercher les animaux ; nous te dirons plus tard ce qu'il faudra faire... Quand les animaux furent tous de retour, et attachés auprès de la tente, nous dîmes à notre intrépide Dchiahour de boire tranquillement son thé, et nous retournâmes vers l'endroit où nous avions entendu et aperçu nos mystérieux personnages. Nous dirigeâmes nos perquisitions dans tous les sens, sans rien entendre, sans rien apercevoir. On remarquait seulement à quelques pas du grand lac un sentier assez fréquenté ; nous conjecturâmes alors que ceux qui nous avaient donné l'alarme étaient tout simplement des passants inoffensifs, qui avaient suivi cette petite route cachée parmi les herbes Nous retournâmes donc en paix vers la tente, où nous trouvâmes notre valeureux Samdadchiemba aiguisant avec activité sur le retroussis de ses bottes en cuir, le grand coutelas russe qu'il avait acheté à Tolon-Noor. Hé bien ! nous dit-il avec l'accent de la colère, où sont les brigands ; et en même