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un instant ils eurent atteint la petite caravane, qui les attendait. Hommes de prière, nous dit le chasseur, vous êtes venus un peu trop loin ; il vous faut rebrousser chemin. Voyez-vous là-bas, et il nous montrait la route du bout de son arc ; voyez-vous ces cigognes qui planent au-dessus des herbes ; c'est là que sont les Trois lacs... Merci, frère, lui répondîmes-nous, nous sommes attristés de ne pouvoir l'indiquer les chèvres jaunes, aussi bien que tu nous as montré les Trois lacs. Le chasseur mongol nous salua, en portant au front ses deux mains jointes, et nous nous dirigeâmes avec confiance vers l'endroit qu'il nous avait indiqué. A peine avions-nous fait quelques pas vers cette direction, que nous pûmes remarquer les indices de la présence des lacs. Les herbes étaient plus rares et moins vertes ; elles craquaient comme des branches sèches sous les pas des animaux ; les blanches efflorescences du salpêtre devenaient de plus en plus épaisses. Enfin nous nous trouvâmes auprès d'un lac, et à quelque distance nous en aperçûmes deux autres. Nous mîmes promptement pied à terre, et nous essayâmes de dresser notre tente, Comme le vent était d'une violence extrême, ce ne fut qu'à force de peine et de patience, que nous vînmes à bout de la consolider. Pendant que Samdadchiemba nous faisait bouillir le thé, nous nous délassions des fatigues de la journée, en examinant nos chameaux lécher voluptueusement le salpêtre dont le terrain était comme saupoudré. Nous aimions surtout à les regarder se pencher sur les bords du lac, et boire à longs traits et insatiablement cette eau saumâtre, qui montait dans leur long cou comme dans un corps de pompe. Il y avait déjà assez longtemps que nous nous