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dans le désert, n'importe de quel côté ; s'il aperçoit un cavalier dans le lointain, il se dirige vers lui ; s'il voit s'élever la fumée de quelque tente, il y court, et toujours sans autre but que de pouvoir causer un instant avec quelque étranger.

Les deux jours que nous passâmes dans ces belles plaines du Tchakar, ne furent pas pour nous sans utilité. Nous pûmes à loisir sécher et remettre en bon état nos habits et notre bagage ; mais surtout nous eûmes occasion d'étudier de près les Tartares, et de nous initier aux habitudes des peuples nomades. Quand nous fîmes les préparatifs du départ, nos voisins Tartares vinrent nous aider à plier la tente et à charger nos chameaux. Seigneurs Lamas, nous dirent-ils, vous camperez aujourd'hui aux Trois lacs ; les pâturages y sont bons et abondants. Si vous marchez bien, vous y arriverez avant que le soleil disparaisse. En deçà et au delà des Trois lacs, on ne trouve de l'eau que fort loin. Seigneurs Lamas, bonne route. — Vous autres, soyez assis en paix, leur répondimes-nous.... Et Samdadchiemba ouvrit de nouveau la marche, monté sur son petit mulet noir. Nous nous éloignâmes de ce campement sans regret, et comme nous avions quitté tous les autres ; à la seule différence que nous laissâmes sur l'endroit où nous avions dressé la tente, une plus grande quantité de cendres, et que les herbes d'alentour étaient plus foulées aux pieds que de coutume.

Pendant la matinée le temps fut magnifique, quoique un peu frais. Mais après midi le vent du nord se leva, et se mit à souffler avec violence. Bientôt il devint si piquant, que nous avions à regretter de n'être pas munis de nos