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ils sont obligés de poursuivre des animaux échappés. Alors ils se mettent au grand galop sur la piste ; ils volent plutôt qu'ils ne courent, tantôt sur le sommet des montagnes, tantôt dans de profonds ravins, jusqu'à ce qu'ils aient ramené au troupeau la bête qui s'était enfuie. Les Tartares vont quelquefois à la chasse ; mais dans cet exercice ils ont toujours plutôt en vue l'intérêt que le plaisir ; ils ne s'arment du fusil ou de l'arc, que pour tuer des chevreuils, des cerfs et des faisans, dont ils font ordinairement cadeau à leurs rois. Pour les renards, ils les prennent toujours à la course ; ils craindraient autrement de gâter la peau, qui est très-estimée parmi eux. Les Tartares se moquent beaucoup des Chinois, quand ils les voient prendre des renards par ruse, et en faisant des chausse-trapes, où ces animaux vont se précipiter pendant la nuit. Pour nous, disait en notre présence un chasseur renommé de la bannière rouge, nous y allons franchement : quand nous apercevons le renard, nous sautons à cheval, et nous lui courons sus, jusqu'à ce que nous l'ayons atteint.

A part les courses à cheval, les Tartares mongols vivent habituellement dans une profonde oisiveté, ils passent une grande partie de la journée accroupis dans leur tente, dormant, buvant du thé au lait, ou fumant la pipe. Pourtant le Tartare, lui aussi, est parfois flaneur, et peut-être autant qu'un Parisien ; mais il flane d'une autre manière ; il n'a besoin ni de canne, ni de lorgnon. Quand il lui vient en tête d'aller voir un peu ce qui se passe par le mondé, il décroche son fouet, suspendu au-dessus de la porte ; il monte sur un cheval toujours sellé à cet effet, et attaché à un poteau planté à l'entrée de la tente. Alors il s'élance