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les friperies et les dépôts de Mont-de-Piété, on ne rencontre jamais de ces meubles ni vieux ni neufs.

A côté du canapé, vers le quartier des hommes, on place ordinairement une petite armoire carrée, où sont renfermées les mille et une bagatelles qui servent à enjoliver le costume de ce peuple simple et enfant. Cette armoire tient aussi lieu d'autel à une petite idole de Bouddha : cette divinité, en bois ou en cuivre doré, est ordinairement accroupie, les jambes croisées, et emmaillottée jusqu'au cou d'une écharpe de vieux taffetas jaune. Neuf vases en cuivre, de la grosseur et de la forme de nos petits verres à liqueur, sont symétriquement alignés devant Bouddha : c'est dans ces petits calices, que les Tartares font journellement à leur idole des offrandes d'eau, de lait, de beurre et de farine ; enfin quelques livres thibétains enveloppés de soie jaune, complètent l'ornement de la petite pagode. Ceux dont la tête est rasée, et qui gardent le célibat, ont seuls le privilége de toucher ces prières ; un homme noir commettrait un sacrilége, s'il s'avisait d'y porter ses mains impures et profanes.

De nombreuses cornes de bouc, fixées à la charpente de la tente, complètent l'ameublement des habitations mongoles : c'est là que sont suspendus des quartiers de viande de bœuf ou de mouton, des vessies remplies de beurre, des flèches, des arcs et un fusil à mèche ; car il n'est presque pas de famille tartare qui ne possède au moins une arme à feu. Aussi nous avons été bien surpris, que M. Timkouski ait pu écrire, dans la relation de son voyage à Péking (1)[1],

  1. (1) Voyage à Péking, à travers la Mongolie, par M. G. Timkouski, chp. II, pag. 57.