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des princes mongols, et affaiblir la puissance de ces redoutables nomades. C'est dans ce but, comme nous l'avons déjà remarqué ailleurs, qu'elle favorise le lamaïsme, en dotant richement les lamaseries, et en accordant de nombreux priviléges aux Lamas. Tant qu'elle saura maintenir son influence sur la tribu sacerdotale, elle peut être assurée que ni les peuples ni les princes ne sortiront de leur repos.

Les alliances sont un second moyen par lequel la dynastie régnante cherche à consolider sa domination en Mongolie. Les filles et les plus proches parentes de l'Empereur, passant dans les familles princières de la Tartarie, contribuent à entretenir entre les deux peuples des relations pacifiques et bienveillantes. Cependant ces princesses conservent toujours une grande prédilection pour la pompe et l'éclat de la cour impériale. A la longue, la vie triste et monotone du désert les fatigue, et bientôt elles ne soupirent plus qu'après les brillantes fêtes de Péking. Pour obvier aux inconvénients que pourraient entraîner leurs fréquents voyages à la capitale, on a fait un règlement très-sévère, pour modérer l'humeur coureuse de ces princesses. D'abord, pendant les dix premières années qui suivent leur mariage, il leur est interdit de venir à Péking, sous peine de retranchement de la pension annuelle que l'Empereur alloue à leurs maris. Ce premier temps étant écoulé, on leur accorde la permission de faire quelques voyages ; mais jamais elles ne peuvent suivre en cela leur caprice. Un tribunal est chargé d'examiner leurs raisons de quitter momentanément leur famille. Si on les juge valables, on leur accorde un certain nombre de jours,