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les Mongols commuent toujours d'y mener leur vie nomade et de faire paître leurs troupeaux ;

Nous avons eu occasion de voyager longtemps avec des Lamas du Torgot ; il en est même qui sont arrivés avec nous jusqu'à Lha-Ssa. Nous n'avons remarqué, ni dans leur langage, ni dans leurs mœurs, ni dans leur costume, rien qui pût les distinguer des autres Mongols. Ils nous parlaient beaucoup des Oros (Russes) ; mais toujours de manière à nous faire comprendre qu'ils étaient peu désireux de passer de nouveau sous leur domination. Les chameaux du Torgot sont d'une beauté remarquable ; ils sont, en général, plus grands et plus forts que ceux des autres parties de la Mongolie.

Il serait bien à désirer qu'on pût envoyer des Missionnaires jusqu'à Ili. Nous pensons qu'ils y trouveraient déjà toute formée une chrétienté nombreuse et fervente. On sait que c'est dans ce pays qu'on exile depuis longtemps, de toutes les provinces de la Chine, les Chrétiens qui ne veulent pas apostasier. Le Missionnaire qui obtiendrait la faveur d'aller exercer son zèle dans le Torgot, aurait sans doute à endurer d'épouvantables misères pendant son voyage ; mais quelle consolation pour lui, d'apporter les secours de la religion à tous ces généreux confesseurs de la foi, que la tyrannie du gouvernement chinois envoie mourir dans ces contrées éloignées !

Au sud-ouest du Torgot est la province de Khachghar. Aujourd'hui ce pays ne peut nullement être considéré comme Mongol. Ses habitants n'ont ni le langage, ni la physionomie, ni le costume, ni la religion, ni les mœurs des Mongols ; ce sont des Musulmans. Les Chinois, aussi