Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/412

Cette page n’a pas encore été corrigée

naissance à diverses tribus, qui toutes formèrent autant de petites souverainetés.

Ces princes déchus, toujours tourmentés par le souvenir de leur ancienne domination, reparurent plusieurs fois aux frontières de l'empire, et ne cessèrent jamais de donner de l'inquiétude aux souverains chinois, sans pourtant venir à bout de leurs tentatives d'invasion.

Vers le commencement du dix-septième siècle, les Tartares Mantchous s'étant emparés de la Chine, les Mongols leur firent petit à petit leur soumission, et se placèrent sous leur suzeraineté. Les Oelets, tribu mongole qui tire son nom d'Oloutai, célèbre guerrier dans le quinzième siècle, faisaient des invasions fréquentes dans le pays des Khalkas ; il s'éleva une guerre acharnée entre ces deux peuples. L'empereur Khang-Hi, sous prétexte de les réconcilier, prit part à leur querelle ; il termina la guerre en soumettant les deux partis, et étendit sa domination dans la Tartarie jusqu'aux frontières de la Russie. Les trois Khans des Khalkhas vinrent faire leur soumission à l'empereur mantchou, qui convoqua une grande réunion aux environs de Tolon Noor, Chaque Khan lui fit présent de huit chevaux blancs et d'un chameau blanc ; de là ce tribut fut nommé en langue mongole Yousoun-Dchayan (les neufs blancs) ; il fut convenu que tous les ans ils en apporteraient un semblable.

Aujourd'hui les peuples tartares, plus ou moins soumis à la domination des empereurs mantchous, ne sont plus ce qu'ils étaient au temps de Tchinggiskhan et de Timour. De puis cette époque, la Tartarie a été bouleversée par tant de révolutions, elle a subi des changements politiques et