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de toute part des notions plus justes et plus variées ; le monde sembla s'ouvrir du côté de l'Orient ; la géographie fit un pas immense ; l'ardeur pour les découvertes devint la forme nouvelle que revêtit l'esprit aventureux des Européens. L'idée d'un autre hémisphère cessa, quand le nôtre fut mieux connu, de se présenter à l'esprit comme un paradoxe dépourvu de toute vraisemblance ; et ce fut en allant à la recherche du Zipangri de Marc-Pol, que Christophe Colomb découvrit le Nouveau-Monde.

» Je m'écarterais trop de mon sujet, en recherchant quels furent, dans l'Orient, les effets de l'irruption des Mongols. La destruction du Khalifat, l'extermination des Bulgares, des Romans, et d'autres peuples septentrionaux. L'épuisement de la population de la haute Asie, si favorable à la réaction par laquelle les Russes, jadis vassaux des Tartares, ont à leur tour subjugué tous les nomades du Nord ; la soumission de la Chine à une domination étrangère, l'établissement définitif de la religion indienne au Thibet et dans la Tartarie : tous ces événements seraient dignes d'être étudiés en détail. Je ne m'arrêterai pas même à examiner quels peuvent avoir été, pour les nations de l'Asie orientale, les résultats des communications qu'elles eurent avec l'Occident. L'introduction des chiffres indiens à la Chine, la connaissance des méthodes astronomiques des Musulmans, la traduction du nouveau Testament et des Psaumes en langue mongole, faite par l'Archevêque latin de Khan-Balik (Péking), la fondation de la hiérarchie lamaïque, formée à l'imitation de la cour pontificale, et produite par la fusion qui s'opéra entre les