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eux les Suèves, les Goths, les Gépides et les Vandales, et vinrent tous ensemble ravager la Germanie, au commencement du cinquième siècle. Ces grandes hordes de barbares, semblables à des flots poussés les uns par les autres, formèrent ainsi, dans leurs courses dévastatrices, un affreux torrent qui finit par inonder l'Europe.

Les Huns méridionaux, qui étaient demeurés en Tartarie, furent longtemps affaiblis par la dispersion des septentrionaux ; mais ils se relevèrent insensiblement, et devinrent de nouveau redoutables aux Chinois. Ils n'acquirent une véritable importance politique et historique, que sous le fameux Tchinggiskhan, vers la fin du douzième siècle.

La puissance des Tartares, longtemps comprimée dans les steppes de la Mongolie, rompit enfin ses digues, et l'on vit des armées innombrables, descendues des hauts plateaux de l'Asie centrale, se précipiter avec fureur sur les nations épouvantées. Tchinggiskhan porta la destruction et la mort jusqu'aux contrées les plus reculées. La Chine, la Tartarie, l'Inde, la Perse, la Syrie, la Moscovie, la Pologne, la Hongrie, l'Autriche, toutes ces nations ressentirent tour à tour les coups terribles du conquérant Tartare. La France, l'Italie, et les autres pays plus reculés vers l'occident, en furent quittes pour la peur.

L'an 1260 de notre ère, le Khan Khoubilaï, petit-fils de Tchinggis qui avait commencé la conquête de la Chine, acheva de soumettre ce vaste empire. Ce fut la première fois qu'il passa sous le joug des étrangers. Khoubilaï mourut à Péking l'an 1294, à l'âge de quatre-vingts ans. Son empire fut, sans contredit, le plus vaste qui ait jamais existé. Les géographes chinois disent que, sous la