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très-peu peuplé, même en comparaison des autres pays de la Mongolie.

Les Mandarins nous dirent que cette année la sécheresse, qui avait été générale dans toute la Tartarie, avait rendu le pays des Alechan presque inhabitable ; il nous assurèrent qu'un tiers au moins des troupeaux avait péri de faim et de soif, et que le reste était dans un état misérable ... Pour faire le voyage de Péking, on avait choisi ce qu'il y avait de mieux dans le pays ; et nous avions pu remarquer, que les animaux de la caravane étaient bien loin de ressembler à ceux que nous avions vus dans le Tchakar. La sécheresse, le manque d'eau et de pâturages, la décimation des troupeaux, tout cela avait donné naissance à une grande misère, d'où étaient sortis de nombreux brigands, qui désolaient le pays et détroussaient les voyageurs. On nous assura qu'étant en si petit nombre, il ne serait pas prudent de nous engager dans les montagnes des Alechan, surtout pendant l'absence des principales autorités.

D'après tous ces renseignements, nous prîmes la résolution, non pas de rebrousser chemin, car nous étions déjà engagés trop avant, mais de changer un peu notre plan de route. La nuit était très-avancée quand nous songeâmes à prendre un peu de repos ; à peine eûmes-nous dormi quelques instants, que le jour parut. Les Tartares sellèrent promptement leurs chevaux, et, après nous avoir souhaité la paix et le bonheur, ils partirent ventre à terre, et volèrent sur les pas de la grande caravane qui les avait précédés.

Pour nous, avant de nous mettre en route, nous déroulâmes l'excellente carte de l'empire chinois, publiée par