Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/379

Cette page n’a pas encore été corrigée

aïeux. Avant la porte d'entrée de ce temple, il y a une grande avenue, et c'est là que se rendent les princes tributaires qui se trouvent à Péking pour rendre hommage à l'Empereur. Ils se rangent à droite et à gauche du péristyle, sur trois lignes de part et d'autre, chacun occupant la place qui convient à sa dignité. Ils se tiennent debout, gravement, et en silence. On prétend que c'est un beau et imposant spectacle, que de voir tous ces monarques lointains, revêtus de leurs habits de soie, brodés d'or et d'argent, et désignant, par la variété de leurs costumes, les divers pays qu'ils habitent et les degrés de leur dignité.

Cependant l'Empereur sort en grande pompe de sa Ville-Jaune. Il traverse les rues désertes et silencieuses de Péking ; car, lorsque le tyran de l'Asie paraît, toutes les portes doivent se fermer, et les habitants de la ville doivent, sous peine de mort, se tenir enfermés et muets au fond de leurs maisons. Aussitôt que l'Empereur est parvenu au temple des ancêtres, au moment même où il pose le pied sur le premier des degrés qui conduisent à la galerie des rois tributaires, les hérauts qui précèdent s'écrient : « Que tout se prosterne ; voici le maître de la terre. Aussitôt, les deux cents rois tributaires répondent d'une voix unanime : « Dix mille félicités ! Et après avoir ainsi souhaité la bonne année à l'Empereur, ils se prosternent tous la face contre terre. Alors passe, au milieu de leurs rangs, le fils du ciel, qui entre dans le temple des ancêtres, et se prosterne, à son tour, trois fois devant la tablette des aïeux. Pendant que l'Empereur fait ses adorations aux esprits de la famille, les deux cents monarques continuent de demeurer toujours étendus à terre. Ils ne se