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jambes les unes devant les autres. C'est une chose triste et étrange tout à la fois, que de voir des Mongols allant à pied, et conduisant après eux des chevaux qu'ils n'osent monter, de peur de les écraser.

Aussitôt que les rois tributaires sont arrivés à Péking, ils se rendent dans l'intérieur de la ville, et habitent un quartier qui leur est spécialement destiné ; ils sont ordinairement réunis au nombre de deux cents. Chacun a son palais ou hôtellerie, qu'il occupe avec les gens de sa suite. Un Mandarin, grand dignitaire de l'empire, gouverne ce quartier, et doit veiller avec soin à ce que la paix et la concorde règnent toujours parmi ces illustres visiteurs. Les tributs sont remis entre les mains d'un Mandarin spécial, qu'on pourrait considérer comme un intendant de la liste civile.

Pendant leur séjour à Péking, ces monarques n'ont aucun rapport avec l'Empereur, aucune audience solennelle. Quelques-uns pourtant peuvent avoir accès auprès du trône ; mais ce doit être toujours pour traiter des affaires de haute importance, et au-dessus de la juridiction des ministres ordinaires.

Le premier jour de l'an, il y a une cérémonie solennelle, dans laquelle ces deux cents monarques ont une espèce de contact avec leur suzerain et maître, avec celui, comme on dit, qui, siégeant au-dessous du ciel, gouverne les quatre mers et les dix mille peuples par un seul acte de sa volonté. D'après le rituel qui règle les grandes démarches de l'empereur de Chine, celui-ci doit, tous les ans, au premier jour de la première lune, aller visiter le temple dé ses ancêtres et se prosterner devant la tablette de ses