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de la Tartarie et du Thibet ? — Tous sont également Bouddha. — Bouddha est-il visible ? —Non, il est sans corps ; il est une substance spirituelle. — Ainsi Bouddha est unique ; et pourtant il existe des Bouddha innombrables, tels que les Chaberons et les autres... Bouddha est incorporel, on ne peut le voir ; et pourtant le Talé-Lama, le Guison-Tamba et tous les autres Chaberons sont visibles, et ont reçu un corps semblable au nôtre... Comment expliques-tu cela ? — Cette doctrine, dit-il, en étendant le bras et en prenant un accent remarquable d'autorité, cette doctrine est véritable ; c'est la doctrine de l'occident, mais elle est d'une profondeur insondable ; on ne peut l'expliquer jusqu'au bout...

Les paroles de ce Lama thibétain nous étonnaient étrangement ; l'unité de Dieu, le mystère de l'Incarnation, le dogme de la présence réelle nous paraissaient comme enveloppés dans ses croyances ; cependant, avec des idées si saines en apparence, il admettait la métempsycose et une espèce de panthéisme dont il ne pouvait se rendre compte.

Ces nouveaux renseignements sur la religion de Bouddha nous firent augurer que nous trouverions en effet, parmi les Lamas du Thibet, un symbolisme plus épuré et au-dessus des croyances du vulgaire. Nous persistâmes donc dans la résolution que nous avions déjà adoptée, de pousser toujours en avant vers l'occident.

Au moment de nous mettre en route, nous fîmes, selon l'usage, appeler le chef de l'hôtellerie, afin de régler les