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tait très-exact, et le prix qu'ils nous offraient était un peu au-dessus du cours ordinaire ; le marché fut donc conclu. Le chef de la banque prit le souan-pan, tablette à calcul dont se servent les Chinois, et après avoir compté avec une attention affectée, il nous annonça le résultat de son opération. — Ceci est une maison de change, dîmes-nous ; vous autres vous êtes les acheteurs, nous autres les vendeurs ; vous avez fait votre calcul, nous allons donc faire le nôtre ; donnez-nous un pinceau et un morceau de papier. — Rien de plus juste ; vos paroles viennent de prononcer la loi fondamentale du commerce : et ils nous présentèrent leur écritoire avec empressement. Nous saisîmes un pinceau, et après une courte opération nous trouvâmes une différence de mille sapèques. — Intendant de la banque, ton souan-pan s'est trompé de mille sapèques. — Impossible ! est-ce que tout d'un coup j'aurais oublié mon souan-pan ? voyons que je recommence... Il se mit à faire jouer de nouveau les boulettes de sa mécanique à calcul, pendant que les personnes qui étaient dans la boutique se regardaient avec étonnement. Quand il eut fini... C'est bien cela, dit-il, je ne m'étais pas trompé ; et il fit passer la mécanique à un compère qui était à côté de lui ; celui-ci vérifia le calcul, et leurs opérations furent identiques. — Vous voyez bien, dit le chef de la maison de change, il n'y a pas d'erreur. Comment donc se peut-il faire que cela ne s'accorde pas avec ce que vous avez écrit ? — Peu importe de savoir pourquoi ton calcul ne s'accorde pas avec le nôtre ; ce qu'il y a de certain, c'est que ton calcul dit faux, et que le nôtre dit vrai. Tiens, tu vois ces petits caractères que nous avons tracés sur le papier, c'est bien