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ne pûmes apercevoir le contenu. — Seigneurs Lamas, nous dit le vieux roué, ce jeune homme est le fils du chef de notre maison de commerce ; notre maître vous a vus arriver, et il s'est empressé d'envoyer son fils vous demander si vous aviez fait en paix votre route. — Le jeune homme posa alors sur une petite table qui était devant nous son mouchoir de soie ; voici quelques gâteaux pour boire le thé, nous dit-il ; à la maison, mon père a donné ordre de vous préparer le riz. Quand vous aurez bu le thé, vous voudrez bien venir prendre un modique et mauvais repas dans notre vieille et pauvre habitation. — A quoi bon dépenser ainsi votre cœur à cause de nous ? — O ! voyez nos figures, s'écrièrent-ils tous à la fois, les paroles que vous prononcez les couvrent de rougeur... L'aubergiste coupa court, en portant le thé, à toutes ces fastidieuses formules de la politesse chinoise.

Pauvres Tartares, nous disions-nous, comme ils doivent être victorieusement exploités, quand ils ont le malheur de tomber en de pareilles mains ! Ces paroles, que nous prononçâmes en français, excitèrent grandement la surprise do nos trois industriels. — Quel est l'illustre royaume de la Tartarie que vos Excellences habitent, nous demanda l'un d'eux ? — Notre pauvre famille n'est pas dans la Tartarie ; nous ne sommes pas Tartares. — Ah! vous n'êtes pas Tartares... Nous le savions bien ; les Tartares n'ont pas un air si majestueux ; leur personne ne respire pas cette grandeur. Pourrait-on vous interroger sur votre noble patrie ? — Nous sommes de l'occident ; notre pays est très-loin d'ici. — Ah ! c'est bien cela, fit le vieux, vous êtes de l'occident ; je le savais bien, moi... Ces jeunes gens