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se ranger à l'écart, était pour nous chose impossible ; nous nous mimes donc aussi de notre côté à pousser de grands cris, et nous continuâmes à marcher toujours en avant, attendant avec anxiété la fin de la pièce. A un détour de la ruelle le dénouement eut lieu ; à la vue de nos chameaux, les chevaux s'épouvantèrent, firent volte-face, se jetèrent les uns sur les autres, et se précipitèrent par tous les passages qui leur présentaient une issue. De cette manière, grâce à nos bêtes de somme, nous continuâmes notre route sans être obligés de céder le pas à personne, et nous arrivâmes enfin, sans aucun fâcheux accident, dans une rue assez spacieuse, et bordée de belles boutiques.

Nous regardions incessamment de côté et d'autre, dans l'espoir de découvrir une auberge ; mais c'était toujours en vain ; il est d'usage dans les grandes villes du nord de la Chine et de la Tartarie, que chaque hôtellerie ne loge exclusivement qu'une sorte de voyageurs. Les unes sont pour les marchands de grains, les autres pour les marchands de chevaux, etc. Toutes ont leurs pratiques, suivant la nature de leur commerce, et ferment leur porte à tout ce qui n'est pas du même ressort. Il n'y a qu'une espèce d'auberge qui loge les simples voyageurs ; on la nomme auberge des hôtes passagers. C'était celle qui nous convenait ; mais nous avions beau marcher, nous n'en trouvions nulle part. Nous nous arrêtâmes un instant, pour demander aux passants de vouloir bien nous indiquer une auberge des hôtes passagers ; aussitôt nous vîmes venir à nous avec empressement un jeune homme qui s'était élancé du fond d'une boutique. —Vous cherchez une auberge, nous