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Rien ne nous a paru mieux ressembler à cette racine, que les petits rameaux de stalactites.

Les Chinois disent des merveilles du jin-seng ; quoiqu'il y ait beaucoup à rabbattre sur les étonnantes propriétés qu'on lui attribue, on ne peut s'empêcher d'avouer que c'est un tonique qui agit avec succès sur l'organisation des Chinois. Les vieillards et les personnes faibles s'en servent, pour combattre leur état d'atonie et de prostration. Les médecins chinois disent assez communément, que l'usage du jin-seng, à cause de la grande chaleur qu'il excite dans le sang, serait plus nuisible qu'utile aux Européens, qui jouissent d'eux-mêmes d'un tempérament très-chaud. Quoi qu'il en soit de ce spécifique si prôné par les Chinois, et quelquefois si ridiculisé par les Européens, il est d'une cherté étonnante : une once se vend jusqu'à dix ou quinze taels d'argent. Ceux qui ont eu occasion d'étudier le caractère des Chinois, ne feront pas difficulté de penser que cette cherté même ne contribue pas peu à donner tant de célébrité au jin-seng. Les riches et les Mandarins ne l'estiment tant, peut-être, que parce qu'il n'est pas à la portée du pauvre. Il en est beaucoup certainement qui n'en font usage que par ostentation, et pour acquérir le frivole renom de faire de grosses dépenses.

La Corée produit du jin-seng, on le nomme Kao-li-seng ; mais il est d'une qualité bien inférieure à celui qu'on recueille en Mantchourie. (1)[1]

Le second trésor de la Tartarie orientale est la peau de zibeline ; elle coûte aux chasseurs des dangers et des fatigues

  1. (1) Depuis quelques années les Américains cultivent chez eux le jin-seng avec assez de succès et en font l'objet d'un commerce considérable. (1852.)