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sang : — Puisque l’empire succombe, il faut que le prince meure aussi. — Ou-San-Koueï, général des troupes chinoises appelle les Mantchous à son secours, pour l’aider à réduire les rebelles. Ceux-ci sont mis en fuite ; et pendant que le général chinois les poursuit dans le midi, le chef Tartare revient à Péking. Ayant trouvé le trône vacant, il s’y assit.

Avant cet événement, la grande muraille, soigneusement gardée par la dynastie des Ming, défendait aux Mantchous d’entrer en Chine ; réciproquement, l’entrée de la Mantchourie était interdite aux Chinois. Mais après la conquête de l’empire, il n’y eut plus de frontière qui séparât les deux peuples. La grande muraille fut franchie, et la circulation d’un pays à l’autre, une fois laissée libre, les populations chinoises du Pe-Tchi-Li et du Chan-Toung, resserrées dans leurs étroites provinces, se répandirent comme un torrent dans la Mantchourie. Le chef Tartare était considéré comme seul maître, seul possesseur des terres de son royaume ; mais devenu empereur de Chine, il a distribué aux Mantchous ses vastes possessions, sous condition qu’on lui paierait annuellement de fortes redevances. A force d’usures, d’astuce et de persévérance, les Chinois ont fini par se rendre les maîtres de toutes les terres de leurs vainqueurs, et ne leur ont laissé que leurs titres, leurs corvées et leurs redevances. La qualité de Mantchou est ainsi devenue insensiblement un poids onéreux que beaucoup ont cherché à secouer. D’après une loi, on doit faire tous les trois ans un