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d'être obligés de dresser une tente, d'aller ramasser des bouses, et de préparer nous-mêmes notre pauvre nourriture avant de pouvoir prendre un peu de repos.

Les habitants du Toumet occidental, comme bien on peut se l'imaginer, ont complètement perdu l'originalité du caractère mongol. Ils se sont tous plus ou moins chinoisés, et on en rencontre beaucoup parmi eux qui n'entendent pas un mot de la langue mongole. Il en est même qui laissent parfois percer un peu de mépris pour leurs frères du désert qui n'ont pas encore livré leurs prairies au soc de la charrue ; ils les trouvent bien ridicules de mener une vie perpétuellement errante, et de loger sous de misérables tentes, tandis qu'il leur serait si aisé de se bâtir des maisons, et de demander des richesses et des jouissances à la terre qu'ils occupent. Au reste, ils ont quelque raison de préférer le métier de laboureur à celui de berger ; car ils habitent des plaines magnifiques, très-bien arrosées, d'une admirable fécondité, et favorables à la culture de toute espèce de céréales. Quand nous traversâmes ce pays, la moisson était déjà faite ; mais en voyant de tout côté les aires couvertes de grands amas de gerbes, on pouvait juger que la récolte avait été riche et abondante. Tout d'ailleurs, dans le Toumet, porte l'empreinte d'une grande aisance ; nulle part sur la route, on ne rencontre, comme en Chine, de ces habitations délabrées, et semblables à des ruines. On n'y voit jamais, comme ailleurs, de ces malheureux exténués de misère, et à moitié recouverts de quelques haillons ; tous les paysans sont complètement et proprement vêtus. Mais leur aisance se manifeste surtout dans les arbres magnifiques qui entourent les villages,