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Somné), nous remarquâmes un tableau qui nous frappa d'étonnement. C'était une grande toile, au centre de laquelle on avait représenté Bouddha assis sur un riche tapis. Autour de cette image, de grandeur naturelle, était comme une auréole de portraits en miniature, exprimant allégoriquement les mille vertus de Bouddha. Nous ne pouvions nous lasser d'admirer ce tableau, remarquable non-seulement par la pureté et la grâce du dessin, mais encore par l'expression des figures et la richesse du coloris. On eût dit que tous ces personnages étaient pleins de vie. Nous demandâmes à un vieux Lama, qui nous accompagnait, des renseignements sur cette admirable pièce de peinture. « Ce tableau, nous répondit-il, en portant ses deux mains jointes au front, ce tableau est un trésor de la plus haute antiquité ; il renferme toute la doctrine de Bouddha. Ce n'est pas une peinture mongole ; elle vient du Thibet ; elle a été composée par un saint de l’Eternel sanctuaire.

Les paysages sont, en général, mieux rendus que les sujets dramatiques. Les fleurs, les oiseaux, les arbres, les animaux mythologiques, tout cela est exprimé avec vérité et de manière à plaire aux yeux. Les couleurs sont surtout d'une vivacité et d'une fraîcheur étonnantes. Il est seulement dommage que les peintres paysagistes n'aient qu'une faible connaissance de la perspective et du clair-obscur.

Les Lamas sont de beaucoup meilleurs sculpteurs que peintres. Aussi ne ménagent-ils pas les sculptures dans leurs temples bouddhiques. Elles y sont répandues quelquefois avec une profusion, qui peut, il est vrai, attester la