Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée

en pierre, représentant des hommes, des lions, des éléphants, des tigres, et divers sujets de la mythologie bouddhique. Avec l'illustre défunt, on enterre dans un large caveau, placé au centre du bâtiment, de grosses sommes d'or et d'argent, des habits royaux, des pierres précieuses, enfin tout ce dont il pourra avoir besoin dans une autre vie. Ces enterrements monstrueux coûtent quelquefois la vie à un grand nombre d'esclaves : on prend des enfants de l'un et de l'autre sexe, remarquables par leur beauté, et on leur fait avaler du mercure jusqu'à ce qu'ils soient suffoqués ; de cette manière, ils conservent, dit-on, la fraîcheur et le coloris de leur visage, au point de paraître encore vivants. Ces malheureuses victimes sont placées debout, autour du cadavre de leur maître, continuant en quelque sorte de le servir comme pendant sa vie. Elles tiennent dans leurs mains la pipe, l’éventail, la petite fiole de tabac à priser, et tous les autres nombreux colifichets des majestés tartares.

Pour garder ces trésors enfouis, on place dans le caveau une espèce d'arc pouvant décocher une multitude de flèches à la file les unes des autres, Cet arc, ou plutôt ces arcs nombreux unis ensemble, sont tous bandés, et les flèches prêtes à partir. On place cette espèce de machine infernale de manière à ce qu'en ouvrant la porte du caveau, le mouvement fasse décocher la première flèche sur l'homme qui entre. Le décochement de la première flèche fait aussitôt partir la seconde et ainsi de suite jusqu'à la dernière ; de sorte que le malheureux, que la cupidité ou la curiosité porterait à ouvrir cette porte, tomberait percé de mille traits dans le tombeau même qu'il voudrait profaner. On vend de ces machines meurtrières toutes préparées chez