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inspection des traces légères et informes que l'animal a laissées sur l'herbe, ils peuvent dire depuis combien de temps il est passé, et s'il était monté ou non par un homme. Une fois qu'ils se sont mis sur les traces, ils les suivent dans leurs mille détours, sans que rien soit capable de les leur faire perdre.

Aussitôt que nous eûmes fait notre déclaration à nos voisins Mongols, le chef prit la parole et nous dit : — Seigneurs Lamas, ne permettez pas au chagrin d'entrer dans votre cœur. Vos animaux ne peuvent être perdus ; dans ces parages il n'y a ni voleurs ni associés de voleurs. Je vais envoyer à la recherche ; si vos chevaux ne se trouvent pas, vous choisirez à volonté dans nos troupeaux ceux qui vous conviendront le plus. Nous voulons que vous partiez d'ici aussi en paix que vous y êtes arrivés. Pendant qu'il parlait ainsi, huit Tartares montèrent à cheval, et traînant après eux leur longue perche à enlacer les chevaux, ils commencèrent leurs recherches. D'abord ils se dispersèrent et exécutèrent de nombreuses évolutions, courant dans tous les sens, et revenant quelquefois sur leurs pas. Enfin, ils se réunirent en escadron, et se précipitèrent au grand galop vers le chemin par lequel nous étions venus. — Voilà qu'ils sont sur les traces, nous dit le chef mongol qui considérait avec nous tous leurs mouvements ; Seigneurs Lamas, venez vous asseoir dans ma tente, nous boirons une tasse de thé en attendant le retour de vos chevaux.

Après peut-être deux heures d'attente, un enfant se présenta à la porte, et nous avertit que les cavaliers revenaient. Nous sortîmes à la hâte, et jetant nos regards vers la route que nous avions suivie, nous aperçûmes au milieu