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homme qui passe la plus grande partie de ses jours sur un cheval ou sur un chameau.

Quand les Tartares se trouvent en route pendant la nuit, il arrive souvent qu'ils ne se donnent pas même la peine de descendre de leurs animaux pour prendre leur sommeil. Si on demande aux voyageurs qu'on rencontre où ils ont passé la nuit... Temen dero (sur le chameau), répondent-ils, d'une voix mélancolique. C'est un singulier spectacle, que de voir les caravanes faire halte en plein midi, lorsqu'elles ont trouvé un gras pâturage. Les chameaux se dispersent de côté et d'autre, broutant les grandes herbes de la prairie, tandis que les Tartares à califourchon entre les deux bosses de l'animal, dorment d'un sommeil aussi profond que s'ils étaient étendus dans un bon lit.

Cette activité incessante, ces voyages continuels contribuent beaucoup à rendre les Tartares très-vigoureux, et capables de supporter les froids les plus terribles, sans qu'ils en paraissent le moins du monde incommodés. Dans les déserts de la Tartarie, et surtout dans le pays des Khalkhas, la froidure est si affreuse, que, pendant la plus grande partie de l'hiver, le thermomètre ne peu plus marquer, à cause de la congélation du mercure. Souvent toute la terre est couverte de neige ; et si le vent du nord-ouest vient à souffler, la plaine ressemble aussitôt à une mer bouleversée jusque dans ses fondements. Le vent soulève la neige par vagues immenses, et pousse devant lui ces gigantesques avalanches. Alors les Tartares volent courageusement au secours de leurs troupeaux. On les voit bondir de côté et d'autre, exciter les animaux par leurs cris, et les conduire au loin à l'abri de quelque montagne. Quelquefois ces intré