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fiant, les sacrificateurs communiant. Dans le ḫaṭṭât célébré pour la consécration ou la purification du temple ou de l’autel, le sang de la victime sert à oindre les portes et les murs. Ce rite leur communique la consécration[1]. Or un rite du même genre se retrouve dans le zebaḫ shelamim de l’ordination ; une onction de sang toute semblable est faite sur Aaron et ses fils[2].

Ces exemples montrent quelle affinité présentent des pratiques qui, par la nature de leur objet et de leurs résultats, semblent être les plus opposées. Il y a continuité entre les formes du sacrifice. Elles sont à la fois trop diverses et trop semblables pour qu’il soit possible de les diviser en groupes trop nettement caractérisés. Elles ont toutes le même noyau ; et c’est là ce qui fait leur unité. Ce sont les enveloppes d’un même mécanisme que nous allons maintenant démonter et décrire.

II

LE SCHÈME DU SACRIFICE

L’entrée.

Nous ne pouvons évidemment songer à dessiner ici un schème abstrait du sacrifice qui soit assez complet pour convenir à tous les cas connus ; la variété des faits est trop grande. Tout ce qu’il est possible de faire, c’est d’étudier des formes déterminées de sacrifice, assez complexes pour que tous les moments importants du drame y soient réunis, et assez bien connues pour qu’une analyse précise en puisse être faite. Le sacrifice qui nous paraît le mieux répondre à cette condition est le sacrifice animal hindou védique. Nous n’en connaissons pas, en effet, dont le détail soit mieux

  1. Ézéch. XLIII, 19 sqq. ; XLV, 19. Cf. purification du lépreux, Lév. XIV, 7.
  2. Ex. XXIX, 20.