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une définition, malheureusement bien vague[1]. Le shelamim[2] (LXX θυσία εἰρηωική) est un sacrifice communiel, sacrifice d’actions de grâces, d’alliance, de vœu. Quant aux termes ‘olâ et minḫâ, ils sont purement descriptifs. Chacun d’eux rappelle l’une des opérations particulières du sacrifice : le second, la présentation de la victime, dans le cas où elle est de nature végétale, le premier, l’envoi de l’offrande à la divinité[3].

Cette simplification du système des sacrifices[4] est sans doute le résultat d’une classification trop particulière, et trop arbitraire d’ailleurs, pour servir de base à une étude générale du sacrifice. Mais, à vrai dire, ces quatre formes typiques ne sont pas, ou tout au moins ne sont plus des types réels de sacrifices, mais des sortes d’éléments abstraits où l’un des organes du sacrifice se trouve particulièrement développé et qui peuvent toujours entrer dans des formules plus complexes. Le rituel a décomposé les cérémonies auxquelles donnait lieu chaque

  1. Lév. IV, 2.
  2. Shelamim = zebaḫ shelamim. Sur l’équivalence des zebaḫim et de zebaḫ shelamim, voir Benzinger, loc. cit., p. 135.
  3. Nous nous rattachons dans la traduction du mot ‘olâ à l’interprétation traditionnelle fondée d’ailleurs sur l’expression biblique « il fit monter l’‘olâ (la montée) » — Cf. Clermont-Ganneau, Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1898, p. 599. — Sur le ‘avon et son expiation, voir Halévy, Revue sémitique, 1898, p. 49. — Une autre sorte de péché dont le rituel a prévu l’expiation, le asham (Lév. V), ne paraît pas avoir donné lieu à une forme spéciale de sacrifice. Il arrive que le sacrifice qui l’expie soit désigné par le nom de asham, mais d’après Lév. V, la cérémonie expiatoire se compose de ḫaṭṭât et de ‘olâ ; Lév. VII, 2-7 identifle le ḫaṭṭât et le asham ; cf. Nombres, V, 9 sqq. Pourtant Ézéch. XL, 39 ; XLII, 43 ; XLVI, 20 distingue formellement les deux sacrifices.
  4. L’inscription de Marseille (C. I. S., I, 165) présente une réduction analogue des divers sacrifices à trois sacrifices types : 1o le kalil qui équivaut à l’‘olâ hébraïque ; 2o le sauat, sacrificium laudis ou orationis qui équivaut au shelamim ; 3o le shelem-kalil. La ligne 11 mentionne seule deux sacrifices particulière, le shasaf et le ḫazut (voy. C. I. S., t. I, p. 233). — Le Shelem-kalil doit-il être considéré comme une juxtaposition de sacrifices ? Voir A. Barton, On the sacrifices Kalil and Shelem-kalil in the Marseille Inscription, Proc. Am. Or. Soc., 1894, p. lxvii-lxix. — L’inscription 167 (Carthage) ne distingue que Kelilim et Sauat. Cf. Clermont-Ganneau, Inscription Nabatéenne de Kanatha, C. R. de l’Ac. des Inscr., 1898, p. 597-599.