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La plus instructive peut-être est celle qui, classique, répartit les sacrifices en constants et en occasionnels[1]. Les sacrifices occasionnels sont d’abord les sacrifices sacramentaires (saṃskâra), c’est-à-dire ceux qui accompagnent les moments solennels de la vie. Un certain nombre de ces sacrifices font partie du rituel domestique (exposé dans les gṛhya sûtras) : ce sont ceux qui ont lieu lors de la naissance, de la tonsure rituelle, du départ du pupille, du mariage, etc. D’autres font partie du rituel solennel ; c’est l’onction du roi et le sacrifice qui confère la qualité religieuse et civile qui est considérée comme supérieure à toutes les autres[2]. En second lieu, il y a les sacrifices votifs dont le caractère occasionnel est encore plus marqué[3] ; enfin, les sacrifices curatifs et expiatoires. — Quant aux sacrifices constants (nityâni) ou mieux périodiques, ils sont attachés à certains moments fixes, indépendants de la volonté des hommes et du hasard des circonstances. Tels sont le sacrifice journalier

  1. Voir Max Müller, Zeitschr. d. D. Morg. Gesell., IX, p. lxiii. — Kât. çr. sû. 1, 8, 10, 12 et comm. de Mahidhâra ad locum, surtout à 11 ; cf. Kulluka ad Manu, 2, 25. — Vedânta Sâra, 7 et suiv. (Éd. Böhtlingk, Sanskrit-Chrestomathie, p. 254, 255). Cette classification n’est, semble-t-il, attestée que par des autorités assez récentes, tandis que les autres classifications remonteraient aux plus anciens textes. Mais, on fait, elle se trouve bien d’abord dans les collections liturgiques qui distinguent des formules régulières (yajus), les formules des rites facultatifs (Kâmyeṣṭiyajyâs), et les formules des rites expiatoires (prayaçcittâni). Elle se trouve dans les Brâhmaṇas qui (par exemple le Taitt. Br.) consacrent de très longues sections soit aux expiations, soit aux vœux particuliers, et aux sacrifices nécessaires. Enfin les sûtras distinguent constamment les rites en constants (nityâni), obligatoires et périodiques, en facultatifs (kâmyâni), occasionnels (naimittikâni) et expiatoires (prayaçcittâni). Ces divisions sont connues aussi bien du rituel solennel que du rituel domestique (voy. Oldenberg, Survey of the contents of the Gṛhyasûtras in S. B. E., XXX, p. 806-7). Ces textes contiennent aussi des passages concernant les rites curatifs (bhaiṣajyâni), parallèles à ceux que nous fait connaître le Kauçika sûtra (adh. III, édit. Bloomf. 1890). De telle sorte que les sacrifices ont bien été, dès le principe, répartis suivant cette division, qui n’est devenue consciente que plus tard.
  2. Le vâjapeya. Weber, Sitz. ber. d. k. Ak. d. Wiss. z. Berl. Phil. Hist. Cl., 1892, p. 765 et suiv., et Hillebrandt, Vedische Mythologie, I, 247 (Breslau, 1890).
  3. Par exemple pour obtenir un fils, une longue vie (Hillebrandt, Rit. Litt., § 58 et § 66). Ces sacrifices sont extrêmement nombreux. Plus nombreux même que les textes publiés ne nous les présentent.