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les pontifes[1]. Ce que nous savons des débats qui s’élevèrent dans les sociétés qui ont hésité entre plusieurs repères du temps[2], nous apprend que l’expérience, dont ils étaient l’objet, ne les imposait pas nécessairement comme régulateurs des durées. Enfin, nous avons une juste idée de l’autorité donnée à ces index par les conventions qui les instituaient, toutes les fois que nous voyons les vieux calendriers, tombés en désuétude, se survivre longuement à eux-mêmes dans la religion et dans la magie.

Il y a d’autres jours qualifiés que ceux qui sont des termes de la division du temps. Une bonne partie semblent devoir leurs qualités à des événements, qui sont censés s’être une fois passés à pareille date. Ainsi, dans le calendrier romain, l’anniversaire de la défaite de l’Allia est un jour néfaste. Dans le christianisme, en tant que les qualités des jours dépendent des saints qui y président, elles paraissent résulter également d’événements historiques commémorés, mort ou déposition du saint, fondation de son sanctuaire. De même le vendredi, étant le jour de la crucifixion, tient du fait qui s’y commémore une partie de ses qualités. L’association entre les dates et leurs qualités est donc, au moins pour l’opinion commune, fondée dans ces divers cas sur des expériences générales, qui, apparemment, ne diffèrent en rien des expériences d’individus. Mais il y a toujours lieu de se demander si une fête de commémoration historique n’est pas une vieille fête rajeunie, telle la Saint-Martin du 11 novembre, ou si la qualification du jour considéré ne tient pas à de tout autres associations. Le vendredi, par exemple, est resté le jour de Vénus planète. De ce côté encore, on retombe sur des conventions. Ainsi, nombreuses sont les dates d’observances dont l’institution a été expliquée par des événements de

  1. Varron, L. L., 6, 27 ; Macrobe, Sat., I, 15, 9.
  2. Concurrence entre le système lunaire et le système solaire, Ben Sira, 43, 1-10 ; Livre des Jubilés, c. vi, fin ; Talmud Babli, Soukka, 29 ab.