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ÉTUDE SOMMAIRE
DE
LA REPRÉSENTATION DU TEMPS
DANS LA RELIGION ET LA MAGIE

Le problème, qui fait l’objet de ce mémoire, a été posé dans le tome V de l’Année sociologique[1]. Nous supposions que les actes et les représentations de la religion, et l’on peut ajouter de la magie, comportaient des notions du temps et de l’espace assez différentes de la notion normale. Étant donné disions-nous, que les rites et que les événements mythiques se passent dans l’espace et dans le temps, il faut se demander comment on peut concilier à leur égard l’émiettement théorique du temps et de l’espace avec l’infinité et l’immutabilité du sacré, où ils se passent également. Pour simplifier notre vocabulaire, nous donnons au mot de sacré toute l’extension possible ; nous entendons par là à la fois le sacré religieux et le sacré magique, le sacré proprement dit et le mana, bien que nous en ayons déjà fait ailleurs la distinction[2]. Nous avons admis jusqu’à présent par hypothèse, que le sacré, sans acception d’espèces, s’il est susceptible d’une infinité de limitations, est théoriquement indivisible et que, dès qu’il se réalise, il se réalise intégralement[3]. C’est par là que nous avons expliqué la

  1. Année sociologique, t. V, 1900-1001, p. 248.
  2. H. Hubert et M. Mauss, Esquisse d’une théorie générale de la magie, dans Année sociologique, t. VII, 1902-1903, p. 108 sq.
  3. H. Hubert et M. Mauss, Essai sur la nature et la fonction sociale du