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les substances magiques. D’autres sont initiés par un certain monstre aquatique Kan-ma-re[1] qui lance dans leur corps les substances magiques et les laisse rentrer au camp malades ; c’est un autremagicien qui extrait « l’os de Kanmare[2] » dont la possession fait de l’individu un magicien. D’autres sont enfin initiés par les âmes des morts[3], exactement de la même façon.

Sur les Dieri, des environs du lac Eyre, nous disposerons dans quelques mois de renseignements plus détaillés que ceux que nous possédons[4]. Chez eux, le magicien est initié en rêve par un esprit personnel, méchant, confondu souvent avec les tourbillons de poussière du désert, avec les âmes des morts et avec les puissances mêmes des charmes et qu’on appelle Kûchi. Il est inutile de donner de ces faits une description qui sera surannée demain.

Le miracle. — Un événement extraordinaire marquant un pouvoir étonnant peut quelquefois faire un magicien. Il équivaut à une révélation parce qu’il marque une liaison spéciale avec les esprits. C’est ainsi que M. Howitt[5] pour les tribus[6] du Nord de Victoria, M. Mathew, pour les

  1. Esprit simplement surnaturel. Superst., p. 29. Ethno. Stud., p. 153, 158, etc., cf. Glossaire.
  2. Karn-Mari, in Superstition, etc. p. 29, et p. 26, sect. 104.
  3. mo-ma. Roth, Superstition, p. 29, Ethn. St., p. 483, improprement orthographié Moma, comme si ce nom n’était pas celui de tout mort.
  4. Gason, The Dieri Tribe, in Curr, II, p. 73 et suiv. ; du même, réponse au questionnaire de M. Frazer, J. A. I., XXI, p. 174 et suiv., p. 170 et suiv. ; Constable James, in Brough Smyth, Aborigines of Victoria, I, p. 457, 458 ; Howitt, in Brough-Smyth, ibid., I, p. 317, I, p. 262 ; du même, The Dieri and Other Kindred Tribes, J. A. I., XXI, p. 87 et suiv., différence entre rêve et révélation. Howitt et Siebert, Legends of the Dieri, etc., J. A. I., XXXIV, p. 100, 107, n. 3 (Kûchi = esprit des morts).
  5. Nous ne sommes pas sûr que ce soit bien M. Howitt qui ait été, pour ce passage, l’auteur de Brough Smyth, qui était décidément un piètre éditeur. Aborigines of Victoria, I, p. 465.
  6. Laquelle ? Wotjobaluk ? Jupagaik ? probablement l’une des deux.