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quand l’auteur dit expressément, comme M. Howitt à propos des Kulin de la rivière Wimmera, que, seuls les jeunes gens qui ont vu l’ombre de leur mère, assise sur son tombeau, peuvent devenir magiciens[1]. L’information qui touche la tribu de Springsure[2] est encore insuffisante : l’esprit prend possession du corps du magicien qui a pu monter au pays des morts. Un auteur se borne à nous dépeindre les jeûnes nécessaires au futur grand magicien de la tribu de la rivière Yoocum, et la solitude où il se retire pour que l’esprit de son prédécesseur le visite et lui donne les puissances surnaturelles[3]. Sur les Woivorung, M. Howitt, semble-t-il[4], à quelque dix ans de distance, nous a donné deux renseignements contradictoires ; suivant l’un, le magicien, wer-raap[5], serait instruit dans les arts magiques par les âmes de ses prédécesseurs morts ; l’autre[6] nous montre les wivaraps instruits par les âmes qui les emmènent par un trou (dans le ciel) vers Bungil, dieu dont ils reçoivent leurs pouvoirs magiques. Mais peut-être le second document ne fait-il que compléter le premier. Car nous verrons ailleurs d’autres faits du même genre ; il est possible, et même probable, que le thème de la révélation par les esprits des morts se confonde sou-

  1. Howitt, On some Australian Beliefs, J. A. I., XIII, p. 188 et 195. Ajoutons que ce magicien est capable de monter au ciel ; il nous semble donc que le fait est peut-être incomplètement observé, et que ce doit être cette ombre qui doit emmener le magicien au ciel (c’est ce qui se passe pour les gommera des Murring de la côte, et les magiciens de la rivière Avoca, Howitt, ibid., p. 197.)
  2. F.-W. Biddulph, Myths of the Springsure Aborigines (Queensland), Australian Anthropological Journal, II, p. 225 ; le fait est probablement très mal observé et nous doutons que ce soient bien des morts et non pas des ancêtres mythiques.
  3. J.-W. Small, in Science of Man, Australasian Anthr. Journ., 1, p. 46.
  4. Par la faute du compilateur Brough Smyth, nous ne sommes en effet pas vraiment sûr que les textes de Aborigines of Vict., I, p. 462 et 463, soient bien de M. Howitt et touchent bien la tribu des Woivorung.
  5. Ne pas faire attention aux passages où il est parlé de Wer-raap, comme si c’était un esprit individuel.
  6. A. M. M., p. 48.