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comme par un mouvement continu qui, de l’entrée à la sortie, se poursuit sur deux pentes opposées. Mais si les courbes ainsi décrites ont la même configuration générale, elles n’ont pas toutes la même hauteur ; c’est naturellement celle que décrit la victime qui parvient au point le plus élevé.

D’ailleurs, il est clair que l’importance respective de ces phases d’ascension et de descente peut varier infiniment suivant les circonstances. C’est ce que nous montrerons dans ce qui va suivre.

III

COMMENT LE SCHÈME VARIE
SELON LES FONCTIONS GÉNÉRALES DU SACRIFICE

Nous n’avons fait, dans ce qui précède, que construire un schème. Mais ce schème est tout autre chose qu’une simple abstraction. Nous avons vu, en effet, qu’il était réalisé in concreto dans le cas du sacrifice animal hindou ; de plus, autour de ce rite, nous avons pu grouper un ensemble de rites sacrificiels que prescrivent le rituel hébraïque et les rituels grecs et latins. En réalité, il constitue la matière commune dont sont faites les formes plus spéciales du sacrifice. Suivant la fin poursuivie, suivant la fonction qu’il doit remplir, les parties qui le composent peuvent avoir des proportions différentes et se disposer dans un ordre différent ; les unes peuvent prendre plus d’importance au détriment des autres, certaines même peuvent faire totalement défaut. De là, naît la diversité des sacrifices, mais sans qu’il y ait entre les combinaisons diverses de différences spécifiques. Ce sont toujours les mêmes éléments groupés autrement ou inégalement développés. C’est ce que nous allons essayer de faire voir à propos de quelques types fondamentaux.