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LABRADOR ET ANTICOSTI

fils Arthur nous font très aimablement les honneurs de leur résidence. On avait salué l’arrivée de Monseigneur par la détonation de plusieurs cartouches chargées de dynamite.

Le phare de la Pointe-de-Monts est l’un des plus remarquables du Canada. Il fut construit durant les années 1830-33, au coût de $80, 000. C’est une tour en pierre, haute de quatre-vingts pieds au-dessus du rocher qui lui sert de base et de cent pieds au-dessus du niveau atteint par la haute mer. La pierre dont on s’est servi pour la construire vient de Montréal. Cette tour a sept étages, dont le dernier est surmonté d’un dôme en cuivre et verre, contenant l’appareil de projection de la lumière, que fournissent dix-sept lampes au pétrole. On aperçoit la lumière de ce phare à quinze milles de distance, lorsque le temps est beau. Autrefois, quand il y avait de la brume, on tirait du canon, à des intervalles fixes ; aujourd’hui que l’électricité modifie peu à peu tous les usages, on fait partir, pour remplacer le tir du canon, des cartouches de dynamite qui éclatent sous l’influence d’un courant électrique que l’on conduit à volonté. Mais il semble bien que le bruit de l’explosion de ces cartouches ne doit pas être entendu aussi loin que l’était celui du canon.

La Pointe-de-Monts est renommée pour la chasse au loup marin. Les gens de Godbout, de la Baie-de-la-Trinité et des Islets-Caribou viennent à l’envi y courir sus à ces pauvres phoques. Le temps de la chasse s’étend du mois de décembre jusque vers la fin d’avril.

On ne s’imagine pas, j’espère, que la chasse au loup marin se fait dans les bois ! Elle se fait en plein fleuve, à cinq ou six milles de la côte, à travers les banquises de glace. Et il faut manœuvrer les canots avec beaucoup de précaution pour empêcher que les glaces ne les emprisonnent et ne les entraînent, ou que le courant ne les emmène au large et vers le sud. Quand les chasseurs ne peuvent se dégager à temps, on sait, par l’aventure des Labrie et des Comeau, ce qu’il en peut coûter.

Que si l’on veut connaître à quel point la chasse au loup marin est abondante, je dirai que, durant l’hiver de 1895-96,